La culture sourde
La culture sourde
Rédigé par Cynthia Benoit
Vous avez peut-être déjà entendu dire que les Sourds et Sourdes n’aiment pas être désignées comme des personnes handicapées, qu’elles et ils ne se considèrent pas en premier lieu comme ayant une « déficience » ou une « incapacité », ou encore comme des personnes « souffrant » ou étant « atteinte » de « surdité ».
Mais pourquoi donc? Qu’est-ce qui distingue les personnes sourdes exactement?
La réponse passe par la culture et l’identité. La culture sourde se caractérise par des manières spécifiques de faire, de penser et d’être, trois aspects propres à toute culture. On peut la définir au moyen de cinq caractéristiques sociologiques :
1. La langue des signes québécoise (LSQ)
La LSQ est une langue vivante évoluant au fil du temps. Tridimensionnelle, visuelle et manuelle, elle a sa propre structure, syntaxe et grammaire qui la distingue de toute autre forme de langue, parlée ou écrite. Valorisée par les Sourds en raison de son accessibilité visuelle, la LSQ est par ailleurs un des marqueurs identitaires d’importance pour les Sourds communiquant principalement en LSQ.
2. Les valeurs
Les valeurs propres à la communauté sourde incluent notamment l’importance de l’accès à la communication pour tous, autant sur le plan de l’expression que de la compréhension. Les écoles pour les Sourds et les centres de loisirs des Sourds sont d’importants véhicules de transmission de ces valeurs en raison des interactions sociales qui s’y créent naturellement.
3. Les traditions
Parmi les traditions propres à la communauté sourde québécoise, il y a la littérature LSQ (au sens de l’ensemble des productions artistiques en LSQ). C’est notamment grâce à tout cet héritage artistique que les Sourds et Sourdes continuent de transmettre au fil des générations leurs histoires, leur expérience sourde et l’essence même de leur culture.
4. Les normes
Chaque culture a son propre ensemble de comportements, acceptables ou non, qui permet aux membres d’assurer une certaine cohésion à l’intérieur du groupe. Ce principe s’applique également à la communauté sourde. Pour les Sourds et Sourdes, il peut s’agir par exemple d’attirer l’attention d’une personne de façon appropriée, de maintenir un contact visuel direct, et de taper doucement sur l’épaule d’une personne sourde pour attirer son attention.
5. L’identité
Du point de vue identitaire, « Sourd » avec un S majuscule est un terme désignant les personnes sourdes qui s’identifient à la communauté sourde et possèdent un sentiment d’appartenance à cette communauté. Ces personnes communiquent principalement par la langue des signes et s’identifient à la culture sourde. L’identité sourde est un élément clé important qui fait en sorte qu’une personne ressent de la fierté d’être Sourd ou Sourde, d’appartenir à la communauté sourde, et d’être porteur de la culture sourde et de son riche héritage tout en contribuant de façon significative à la société.
Voilà donc la perspective socioculturelle qu’embrassent et défendent les membres de la communauté sourde, y compris leurs allié.e.s. Cette façon de voir situe bien sûr à mille lieux de la perspective médicale selon laquelle les Sourds et Sourdes sont perçu.e.s comme des personnes “à réparer”. C’est également pour toutes ces raisons qu’elles et ils veulent faire reconnaître leur langue et leur culture, ainsi que leurs droits en matière d’accessibilité aux communications.
Pourquoi ne pas changer de lunettes alors et commencer graduellement à découvrir vous aussi toute la richesse de la culture sourde. Une occasion formidable d’explorer une nouvelle culture sans même avoir besoin de prendre l’avion! Un cours d’initiation à la LSQ, du bénévolat au sein de la communauté sourde, l’abonnement à différents groupes de la communauté sourde sur les médias sociaux, voilà autant de moyens de se lancer dans cette belle découverte…
RÉFÉRENCES
Benoit, Cynthia (2015). Les différentes perceptions d’accessibilité aux services pour les sourds à Montréal : l’accessibilité spatiale, les coûts, l’organisation des ressources, la disponibilité et l’acceptabilité. Mémoire. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Maîtrise en études urbaines, 154 p.
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