ReQIS : Renforcer l’accessibilité des communications en LSQ et ASL grâce à une analyse approfondie des enjeux

6 mai 2024

Par sgauthier

Le contexte

Parce que les constructions sociales font de la surdité un handicap invisible aux yeux de la majorité entendante, de nombreuses personnes sourdes et malentendantes vivent dans une société où l’importance de la communication accessible est chroniquement sous-estimée.

Les communications accessibles présentent des lacunes importantes au Canada. Si, a priori, les communications critiques sont transmises en mode écrit ou oral (pensons ici aux annonces publiques gouvernementales, aux nouvelles diffusées à la télévision et à la radio, aux débats politiques en vue d’élections ou encore aux annonces en contexte d’urgence comme une crise sanitaire ou des feux de forêts), ces dernières, diffusées à l’échelle du pays, brillent par l’absence de communications accessibles en langue des signes québécoise (LSQ), en American Sign Language (ASL) et en langues des signes autochtones (LSA), pourtant reconnus comme étant les langues des signes les plus utilisées par les Canadien·ne·s Sourd·e·s.

La problématique

Si les traductions en langues des signes en format vidéo sont de plus en plus utilisées au Canada et à l’étranger grâce aux avancées technologiques, ces communications demeurent variées et comprennent de nombreux défis, notamment au niveau de la présentation visuelle des traducteurs, de leurs qualifications, ainsi que de la production des contenus accessibles. Il n’est pas rare de voir, par exemple, des contenus vidéos inaccessibles pour les personnes vivant avec un handicap visuel en raison d’éblouissements dus à des arrière-plans inadaptés.

Aussi, malgré son importance cruciale pour les personnes sourdes et malentendantes, le domaine des communications accessibles en langue des signes a été largement sous-étudié par rapport à ceux de la linguistique, de l’éducation, des études sourdes et des communications. Cela limite la capacité des institutions et des organisations à développer et à déployer des communications accessibles basées sur des données probantes et des pratiques qui ont fait leurs preuves.

Ces problématiques sont exacerbées par l’absence de consultations publiques concernant les normes de communications accessibles en langues des signes.

Le mandat

C’est dans ce contexte que le Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes (ReQIS) entreprend un important projet d’étude afin de dégager les enjeux spécifiques liés aux communications accessibles pour les personnes sourdes et malentendantes, en plus d’identifier et normer leurs besoins en matière d’inclusion.

L’équipe d’Eversa a donc été mandatée pour analyser et documenter les normes, les politiques et les pratiques en matière de communications accessibles en langue des signes au Canada et dans le monde.

Au terme de ces recherches, les enjeux liés à l’accessibilité de l’information pour les Canadien·ne·s Sourd·es seront identifiés et des pistes de solutions seront partagées au ReQIS en guise de recommandations.

À moyen terme, ce projet vise à remédier aux lacunes actuelles en uniformisant les pratiques de la communication accessible. En partageant les résultats avec Normes d’accessibilité Canada (NAC), le bailleur de fonds de l’étude, et en diffusant les rapports de suivi de projet, le ReQIS contribue à faire avancer la cause de l’accessibilité communicationnelle et à renforcer les droits collectifs et la participation de la communauté sourde dans la société.

La solution

L’étude, d’une durée de deux ans, est menée en collaboration avec plusieurs associations partenaires provinciales et nationales de la communauté sourde. En partageant avec nous leurs vastes réseaux professionnels et communautaires, ces associations permettent un recrutement participatif, inclusif et respectueux des valeurs propres aux communautés sourdes anglophones, francophones et autochtones.

Pour le développement des canevas d’entrevue et de sondage, l’analyse des données et la rédaction du rapport de recherche, Eversa travaille en étroite collaboration avec le Groupe de recherche sur la LSQ et le bilinguisme sourd du département de linguistique de l’Université de Québec à Montréal.

Finalement, afin de collecter les données nécessaires, nous répertorions les communications diffusées en direct et en différé, puis nous examinons les formations et les qualifications des traducteur·trices et des interprètes. Parallèlement, nous étudions les enjeux liés aux communications accessibles à travers des entrevues semi-dirigées, des groupes de discussion et des sondages.

Les résultats

Grâce à ce projet de recherche, le ReQIS devient l’une des premières organisations à contribuer au développement de normes en matière de communications accessibles au Québec et au Canada, renforçant ainsi son rôle de leader en matière d’accessibilité.

L’étude permet de faire avancer les réflexions et la recherche dans ce domaine encore trop peu exploré au Canada. Le rapport d’étude compile les divers points de vue recueillis pour évaluer l’état des lieux quant à l’accessibilité de l’information en les comparant avec les législations nationales et provinciales. Il propose également des recommandations relatives aux normes à mettre en place, en plus d’offrir un survol des moyens qui permettent de renforcer l’accessibilité pour les personnes sourdes et malentendantes.

Considérant que 91 % des Canadien·ne·s Sourd·e·s utilisent les vidéos lorsqu’ils sont disponibles en langues des signes et que 95 % des membres de la communauté souhaitent que leur province établisse un plan de diffusion de l’information accessible en situation de crise, l’importance de leur offrir des mesures adaptées n’est plus à démontrer.

En ce sens, le ReQIS et Eversa sont fiers de pouvoir contribuer à fournir aux institutions gouvernementales et aux organisations les données nécessaires pour mettre en place des normes qui auront un impact significatif et durable sur l’inclusion de la communauté sourde partout au pays.

Les personnes impliquées

Étude réalisée par

Karine Lacroix-Beaudette, Anne-Marie Parisot, Marie-Pier Poulin, Daz Saunders et Amélie Voghel
Groupe de recherche sur la LSQ et le bilinguisme sourd
Département de linguistique, Université du Québec à Montréal

Laurence Gagnon
Groupe de recherche sur la LSQ et le bilinguisme sourd
Département de linguistique, Université du Québec à Montréal et Université de Namur

Caroline Hould, M.Sc. Santé
Coordonnatrice des services de consultation
Eversa

Étude subventionnée par

Normes d’accessibilité Canada (NAC)

Programme Avancement de la recherche sur les normes d’accessibilités

Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes (ReQIS)

Faculté des sciences humaines de l’UQÀM, Programme Projets ciblés

Avec la participation de

Association des sports des Sourds du Canada

Association québécoise des interprètes en langue des signes

Association des Sourds du Canada

Association du syndrome de Usher du Québec